samedi 14 mai 2011

L'importance du portage dans la création de lien


« L’essentiel du portage à retenir dans le cadre de l’adoption est la création du lien. […]
Beaucoup trop de parents sous-estiment la blessure primitive de l’enfant adopté. S’il y a
adoption, il y a eu abandon. Séparé de sa mère de naissance, ensuite des repères
institutionnels dans lesquels il a pu trouver la force de survivre, l’enfant est en grande
souffrance, désarmé, profondément choqué. La greffe doit prendre et pour qu’elle prenne, il faut lui donner le terreau nécessaire. Il faut du temps, de l’amour et surtout beaucoup de
patience. Il est parfois très difficile pour les parents de vivre les premiers jours ou mois avec un enfant adopté. Une filiation adoptive n’est pas une filiation biologique. Les parents sont dans des conditions difficiles, loin de tout, loin des leurs, dans un environnement rarement optimal pour l’accueil d’un enfant. En trois minutes, on leur met un enfant dans les bras, celui-ci n’est pas souvent dans des conditions d’hygiène comparables aux nôtres (odeur, poux, gale), parfois malade. […] Un enfant adopté a besoin de régresser, de reculer pour consolider ses assises. Il a besoin de revivre avec les parents adoptants les étapes perdues. Il a besoin de ressentir la chaleur et l’intimité pour découvrir un état de bien-être. Ces gestes de maternage et paternage sont des gestes constructeurs qui stimulent les parties les plus instinctives et primitives du cerveau. Il est prouvé que le fait de répondre à ces besoins apaisera les blessures. Le portage permet à l’enfant de se sentir en confiance dans un maternage primaire et favorise le contact visuel, regard essentiel dans la construction de la dyade. Cela reste parfois difficile pour certains parents de se lancer dans le portage. L’adoption arrive souvent après une multitude d’échecs et de deuils douloureux. Les mamans manquent de confiance en elles, ont envie de se fondre dans la “masse” et, comme toutes, rêvent de la poussette qu’elles vont enfin pouvoir utiliser ! »
Ces enfants ont avant tout besoin d’être portés enveloppés, face à leur parent, comme des nouveau-nés, même s’ils ont un ou deux ans et qu’ils peuvent déjà marcher au moment où a lieu la rencontre, afin que naisse le lien qui donne goût à la vie à ces enfants déracinés.
L’attachement peut naître dans le regard que le parent pose sur son enfant, quel que soit cet enfant. Ce regard fait partie des besoins essentiels à l’épanouissement de l’enfant : besoin de se voir dans le regard de ses parents.

Portage et adoption
Extrait du livre « Peau à peau, technique et pratique du portage », d’Ingrid van den Peereboom.